dimanche 23 janvier 2022

Quelques sites en ligne pour lire des poèmes

La poésie permet de travailler l'équivoque du langage - elle a conscience de la duperie possible. Mais elle l'écarte en la dévoilant, et le dévoilement se fait sublimation. La poésie est l'art de danser sur cette lisière, dans un rapport modeste au monde, aux êtres  et à leur vérité.  Elle est tissée de nos paradoxes existentiels et quotidiens. Elle fait sens, dans toutes les significations de ce mot polysémique. Comme la musique, il y a la ligne mélodique, ce que tend à dire une phrase, et l'harmonie, qui fait résonner chaque mot ou chaque son à de multiples niveaux et par diverses voix.  Elle dit obstinément ce qui résiste en nous, ne doit pas être détruit, la sève qui nous nourrit et nous relie, mais aussi la fragilité extrême, toujours menacée. Elle est la trace qui demeure au-delà de la perte et de la disparition.

Je découvre aujourd'hui de vastes espaces en ligne où se retrouvent des poètes et surtout leurs poèmes et recopie ci-dessous les liens pour que vous puissiez aller y faire un tour : 

https://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/ 

https://poezibao.typepad.com/

https://www.recoursaupoeme.fr/actualites/

https://www.terreaciel.net/

https://diacritik.com/

Et je veux recopier cette page bouleversante lue ce matin sur le blog Terre de femmes - blog à la fois simple et extraordinairement riche. Ce poème parle de l'indicible horreur de la guerre en Syrie et du mal fait aux enfants. Les guerres nous exilent de notre humanité

Huit millions et demi de roses piétinées au Levant

 

descaressesontfermé                                                                                                                                                                                 

lesyeuxdesenfants

syrienscouchantla

chenilledeleurs

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douilletdenotre

bonneconscience

                        

                     Sampiero

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                             

Nous ne sommes personne. Nous sommes
à peine celui que nous connaissons. Il y a
tellement d’infini derrière celui que nous
ne connaissons pas.

Nous sommes d’avant les étoiles, le néant,
et nous y retournerons. Le grand cirque de
l’enfance ou de la prise de pouvoir sur les
autres ne nous étourdira jamais assez pour
oublier.

Quand les enfants croisent un étranger, ils
lui parlent comme à une grande personne,
un être précieux. Avec les mains, les yeux.

Comme ils parlent aussi aux arbres, aux
peluches, aux oiseaux. Avec le sérieux du
premier et du dernier jour.

Ils savent que la vie éternelle tourne en
boucle comme une folle dans leur sang et
que tout se transforme sans cesse pour
danser parmi nous. Il faut se souvenir
de notre première venue ici comme d’un

tremblement dans le feuillage d’un arbre.

Nous sommes tous des réfugiés en fuite en
quête de quelque chose.

[…]

 

Roesz 2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous sommes tous des réfugiés et nous
écrivons une histoire prévue pour s’effacer.
tomber en poussière dans la poussière du
monde.

Et ce n’est pas rien cette disparition. C’est
le pollen des fleurs. Le soleil dans les yeux
de la mouche. La flaque bousculée par les
pneus du camion. C’est une histoire cet
effacement, c’est la nôtre.

                                                                                     

Roesz Levant