Les déchirures de
l’âme font-elles de beaux poèmes? La brume est froide dans la nuit new
yorkaise. Il pleure dans mon cœur comme il pleut sur la ville a écrit un jour
Verlaine. L’année peine à naître dans la lumière grise. L'atmosphère est noire et le pavé luisant. L’avenir informe me prend dans sa pince. Je voudrais sourire. Les amis se
rassemblent, parlent légèrement de
choses graves, anesthésient leurs blessures d’avoir été tant déçus. La
souffrance mord un peu plus, à l’intérieur, en pleine poitrine. Les visages
connus se sourient, en sablant le champagne, sirotant quelques bulles pour se
réchauffer un instant. Tout n’est pas un
simple divertissement absurde, les regards échangent une lueur de
reconnaissance, bienveillante, compatissante, entre adultes qui ont déjà un peu
vécu. Vous avez toute ma gratitude, vous
savez ? L’histoire agite des idées noires,
des souvenirs d’époques réactionnaires et populistes, se replie sur une
mémoire fermée et craintive. Je suis prise comme les autres dans ce courant
tandis qu’en moi souffle la bise. La
souffrance colle sous la peau, l’écrire détache un peu. J’aimerais rire. Mon cœur suffoque. Restent
les rêves d’un paradis à peine entrevu – l’union et la communion vraies
sont-elles même possibles ?-, les bribes d’une foi en l’humain que je
cherche à soigner, obstinément, pour trouver une brèche dans cette voute trop
sombre. Destinées personnelles et infortunes collectives se croisent. Il faut
tenir face au vent. Il pleure dans mon cœur comme il pleut sur la ville. J’attendrai
l’aube.
"C'est finalement au plus fort de l'hiver que j'ai compris qu'il existait en moi un invincible printemps", Albert Camus, Le mythe de Sisyphe
RépondreSupprimerJe t'embrasse, je te serre dans mes bras et je pleure avec toi. Je sais qu'en toi, il est un printemps invincible: tu es un bouton de rose. Je t'aime.
ténue, fugace, fragile, mais là, toujours là, comme un cycle éternel, une goutte de rosée, une main tendue, un sourire d'enfant, la vie belle.
RépondreSupprimerravages, douleurs, folie, non sens, on se noie parfois, on se perd souvent, mais la vie belle est patiente et obstinée, et imprévisible aussi, elle revient en secret et nous prend par surprise.