En observant autour de moi les rapports entre adultes, et à force d'interroger la sorte de malaise ou de déception que j'y ai toujours trouvé, au cours des ans, dans ce pays d'Amérique, une impression diffuse s'est soudainement solidifiée en une remarque plus précise, un peu caricaturale: ici, les gens établissent et entretiennent des rapports avant tout utilitaires ou communautaires. La communauté est source de protection et d'énergie, et permet d'affronter le monde extérieur où il s'agit de gagner et de prospérer, dans des échanges contractuels, mais fondés une transaction d'intérêts. Il n'y a pas de temps ni de place pour le reste. J'en ai pris conscience à la faveur d'une autre observation, celle de mon entourage professionnel, où j'ai subitement compris là aussi ce qui ne m'apparaissait pas clairement mais alimente depuis toujours le sentiment de n'être pas à ma place: les membres de l'élite française, en particulier ceux qui sont passés par l'ENA, ont été formés à concevoir les relations interpersonnelles essentiellement comme des rapports de force et de pouvoir. Tout est jugé et organisé à cette aune. C'est donc un monde dangereux, qui crée le vide et la suspicion, pousse les gens à se retrancher derrière une façade qui les protège. Le personnel de l'ONU fonctionne de la même manière, en raison de la nature même des dynamiques bureaucratiques, qui empêchent la confiance. Tout cela épuise...
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