Je viens de passer une semaine sans thé ni café, ou boisson similaire. Ce fut moins facile que ce que je ne le pensais au départ - il a fallu cinq jours pour me débarrasser d'un mal de tête léger mais persistant et d'une forme de brouillard cérébral. Que mon corps manifeste sa dépendance a renforcé ma détermination à la rompre. Outre les bénéfices évidents d'un tel sevrage une fois le manque surmonté, c'est aussi une bonne occasion de changer d'habitudes, et d'ouvrir le champ à d'autres découvertes, certes petites, mais qui créent imperceptiblement un contexte pour d'autres innovations, plus intérieures, ou de comportement. Je l'avais lu dans des revues ou livres sur le yoga et approches alternatives d'amélioration de soi qui ont proliféré dans la dernière décennie, mais c'est autre chose de le ressentir aussi vivement dans une expérience que je pourrais qualifier de minimaliste. Les cures de detox contemporaines rejoignent les anciennes pratiques de jeûne et purification. Eliminer le toxique, laisser le corps se dénouer, se détendre, le soustraire aux pressions d'une vie sans cesse plus rapide. Le corps a besoin de pauses, tout l'être en a besoin, c'est une banalité de le dire, mais la vie actuelle malmène durement ces rythmes plus naturels. Pour revenir à ma micro expérience, j'ai grâce à elle pris conscience de manière inattendue de la chose suivante: refuser d'avoir besoin de caféine prend une dimension symbolique, l'équivalent de résister corporellement à la course ambiante, arrêter de fuir (en avant ou en arrière peu importe la direction), et me libérer de "la morale de l'épuisement" qui me conditionne fortement, selon laquelle ne pas être constamment au bord, sur la crête, est le signe d'une rétention coupable d'énergie, qui aurait du être investie dans quelque chose d'utile à autrui. Bien que j'ai découvert de très agréables alternatives au thé - notamment des mélanges de "roiboos" ou thé rouge qui nous vient d'Afrique du Sud - je n'ai pas l'intention de ne plus jamais boire de thé ou de café, ce serait une privation dont je ne vois pas le sens, mais je compte bien en user bien plus modérément qu'avant, en privilégiant les thés verts. Je ne voudrais pas perdre les bénéfices d'une réduction drastique des quantités de caféine que j'ingurgite - je dors mieux évidemment et me sens paradoxalement plus alerte. Mais se débarrasser d'une vieille habitude m'a aussi subtilement libérée de pesanteurs intérieures et renforce mon audace. Voilà qui devrait m'aider à continuer ma recherche tâtonnante d'un mieux vivre.
Blog de réflexions personnelles et de notes de lecture. L' intranquille est aussi un journal de bord intérieur, entre pérégrinations et rêves, et une manière de partager des nourritures intellectuelles, artistiques et affectives, une manière de voir le quotidien autrement et chemin faisant, laisser la trace des jours qui passent.
dimanche 17 mars 2013
Détox
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belle expérience en effet...je fais plutôt l'inverse ces dernières semaines, redécouvrant le café pour me doper après des nuits trop avares en sommeil ... et les tentacules de la "caféine-addiction" se resserrent peu à peu... ton article tombe à point donc, comme un petit signal clignotant !
RépondreSupprimeret quant à l'expérience de se débarrasser d'une vieille habitude, tu décris très bien ses bienfaits, au-delà d'éviter les effets de l'habitude elle-même...c'est comme déployer ses ailes...ne plus être sur la crête... mais planer au-dessus...que d'élan, que de perspectives...
grosses bises!