dimanche 12 février 2017

Dag Hammarskjöld


Il arrive, de temps à autre, que je fasse des rencontres littéraires ou intellectuelles inattendues qui ouvrent une brèche dans ma quête personnelle, inquiète et souvent confuse.  Cela peut paraître saugrenu après toutes ces années de familiarité avec les Nations Unies, mais je n'avais jamais lu encore le recueil de notes personnelles de Dag Hammarskjöld, qui fut secrétaire général des Nations Unies de 1953 à 1961, lors qu'il périt dans un accident d'avion lors d'une mission au Congo. Voici le poème qui ouvre le livre  (Markings, traduit par Leif Sjöberg et le poète W.H. Auden):

Thus it was

I am being driven forward
Into unknown land.
The pass grows steeper,
The air colder and sharper.
A wind from my unknown goal
Stirs the strings
Of expectation.

Still the question:
Shall I ever get there?
There were life resounds,
A clear pure note
In the silence.

Puis,  plus loin:

What I ask for is absurd: that life shall have a meaning. What I strive for is impossible: that my life shall acquire a meaning. I dare note believe, I don't see how I shall ever be able to believe: that I am not alone. 
Is the bleakness of this world of mine a reflection of my poverty or my honesty, a symptom of weakness or of strength, an indication that I have strayed from my path, or that I am following it? - will despair provide the answer?

et pourtant aussi ceci:
But at some moment I did answer Yes to someone - or something- and from that hour, I was certain that existence is meaningful and that, therefore, my life, in self-surrender, had a goal.

Il y a quelque chose d'extraordinairement apaisant de prendre conscience qu'un être aussi accompli que cet homme ait pu traverser une telle bataille intérieure, et que le plus grand doute, voire désespoir, puisse accompagner un effort continu de volonté et d'action au service de la recherche d'un bien commun. Voilà quelqu'un qui a su concilier une exigence sans faille de lucidité, un refus intransigeant de s'aveugler sur lui-même et le monde, sans sombrer dans la dépression paralysante ni le cynisme, ni fuir, et au contraire, plonger dans l'action, remettre 100 fois l'ouvrage sur le métier et exercer sa parole publique. Une source d'inspiration et de courage, il en faut par les temps qui courent.


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