L'American colony est un hotel fameux, en lisière de Jerusalem Est, qui voit défiler depuis près d'un siècle et demi les personnages illustres à un titre ou un autre, et procure une bulle de quiétude dans une ville blessée et durcie, dont la mémoire se calcine au feu des haines et des gloires et l'entre-choc des passions.
Ce que j'ignorais est qu'il a été fondé vers 1881 par Horatio et Anna Spafford, un couple d'Américains évangéliques qui partirent refaire leur vie en Terre sainte après une série de morts tragiques dont la seule évocation est terrassante: disparition de leurs quatre filles dans le naufrage d'un bateau, lors d'une traversée à l'occasion d'un voyage entrepris pour oublier la destruction par le feu de toutes leurs possessions à Chicago, puis décès du fils qu'ils eurent ensuite, emporté par la scarlatine...(deux filles nées après que le Ville du Havre eut coulé ont heureusement survécu).
J'en viens à ce qui a suscité l'envie d'écrire ces lignes: le choc ressenti en entendant, à l'occasion d'une cérémonie de commémoration de la disparition brutale du directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population, le Docteur Babatunde (un humain admirable), un cantique bien connu dans le monde anglo-saxon, souvent joué aux funérailles :"it is well with my soul", écrit par Horatio Spafford après la noyade terrifiante de ses enfants, alors qu'il voguait pour retrouver sa femme en Angleterre, "sauvée seule" comme elle le lui avait dit dans un célèbre télégramme de deux mots...un haut-le-coeur puissant s'est emparé de moi, en même temps qu'un profond désarroi - face à ce retournement intérieur de la détresse en affirmation placide et sereine de soi. Cet hymne de consolation était-ce de la bien pensance hypocrite ou un processus de protection psychologique par le déni et la pensée magique (Jésus magicien des âmes, soulagées du mal qu'il aurait pris en charge une bonne fois pour toute en mourant sur une croix)? Non, it is not well with my soul, et je préfère les vociférations et complaintes de Job, l'aveu de l'absurde sur lequel il bute et dont il fait sa foi. Etonnante colère qui s'est levée dans mon être tourmenté, mais j'y ai compris, une fois de plus, que mon intranquillité est constitutive de qui je suis, et que ce qui me fait lever chaque matin - en dehors de l'habitude - est autant cette blessure d'injustice que le plaisir de vivre, intermittent par nature.
Ce que j'ignorais est qu'il a été fondé vers 1881 par Horatio et Anna Spafford, un couple d'Américains évangéliques qui partirent refaire leur vie en Terre sainte après une série de morts tragiques dont la seule évocation est terrassante: disparition de leurs quatre filles dans le naufrage d'un bateau, lors d'une traversée à l'occasion d'un voyage entrepris pour oublier la destruction par le feu de toutes leurs possessions à Chicago, puis décès du fils qu'ils eurent ensuite, emporté par la scarlatine...(deux filles nées après que le Ville du Havre eut coulé ont heureusement survécu).
J'en viens à ce qui a suscité l'envie d'écrire ces lignes: le choc ressenti en entendant, à l'occasion d'une cérémonie de commémoration de la disparition brutale du directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population, le Docteur Babatunde (un humain admirable), un cantique bien connu dans le monde anglo-saxon, souvent joué aux funérailles :"it is well with my soul", écrit par Horatio Spafford après la noyade terrifiante de ses enfants, alors qu'il voguait pour retrouver sa femme en Angleterre, "sauvée seule" comme elle le lui avait dit dans un célèbre télégramme de deux mots...un haut-le-coeur puissant s'est emparé de moi, en même temps qu'un profond désarroi - face à ce retournement intérieur de la détresse en affirmation placide et sereine de soi. Cet hymne de consolation était-ce de la bien pensance hypocrite ou un processus de protection psychologique par le déni et la pensée magique (Jésus magicien des âmes, soulagées du mal qu'il aurait pris en charge une bonne fois pour toute en mourant sur une croix)? Non, it is not well with my soul, et je préfère les vociférations et complaintes de Job, l'aveu de l'absurde sur lequel il bute et dont il fait sa foi. Etonnante colère qui s'est levée dans mon être tourmenté, mais j'y ai compris, une fois de plus, que mon intranquillité est constitutive de qui je suis, et que ce qui me fait lever chaque matin - en dehors de l'habitude - est autant cette blessure d'injustice que le plaisir de vivre, intermittent par nature.
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