Nos manques et nos défauts nous égalisent et nous solidarisent, c'est une conviction qui m'apparaît chaque jour plus nettement, à mesure que j'entre dans l'expérience de ma vie. Les passions et émotions dites tristes ou négatives sont en fait notre porte de rencontre. Nos tristesses, manquements et souffrances sont notre lieu commun, la condition où nous pouvons nous reconnaître pleinement, mutuellement, égaux dans un similaire dénuement, par delà notre altérité. Je crois que c'est ce que recouvre la notion de péché dans la religion chrétienne, ou de souffrance dans le bouddhisme - ce qui nous lie est ce manquement, ce défaut, ce vide fondamental. Dans la sincérité face à nos émotions, nous pouvons faire une expérience profondément commune, éprouver notre solidarité d'êtres vivants et conscients, ce qui fait de nous des humains. La tristesse est l'instrument de la connexion profonde et de la réconciliation. Elle transcende nos altérités et permet ensuite la joie et le plaisir, qui sont la jouissance de l'altérité dans son mystère, quand celle-ci devient feu et électricité.
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